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Réfléxions pour une constitution.
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La corruption (suite)


Voici ici la comparaison des pays sur leur corruption.
[ lien "http://populationsdumonde.com/2010/10/26/perception-de-la-corruption-dans-le-monde-en-2010/" ]

La corruption peut gangréner toute société, mais lutter contre la corruption nécessite une délation qui se transforme à la longue par un dégoût du peuple de tous ceux qui peuvent apparaitre comme responsables et un doute systématique sur leur honnêteté, cela en arrive à discréditer toute la cohérence sociale. D’autre part beaucoup trouveront légitime de s’autoriser à tous les échelons leurs petites corruptions personnelles, leurs comportements se calquant sur celui de leurs élites, cela devient la règle du jeu des échanges sociaux.

Il peut paraitre simple de dire que s’ils sont corrompus c’est parce qu’ils ne sont pas assez rémunérés pour leurs responsabilités, ceci pourrait-être valable pour certains petits fonctionnaires locaux dans des pays en difficultés. Pourtant l’argument disparait en constatant que des hauts fonctionnaires extrêmement bien payés se laissent souvent corrompre sans trop de remords.

Quel est le principe de la corruption ?

L’organisation sociale confie à une personne un pouvoir décisionnel, elle est en général rémunérée pour ce travail. Considérant que son salaire est trop faible ou seulement par avidité, cette personne vend sa décision à celui qui la paye.

Celui qui paye veut accélérer une procédure, obtenir plus que son dû, voire carrément enfreindre une loi.

Le fonctionnaire est donc payé deux fois, son salaire plus un pot de vin, pour avaliser une injustice. Les autres citoyens se retrouvent tous lésés dans leurs droits.

Comment lutter contre la corruption ?

La question est délicate, car mettre en place un nouveau fonctionnaire chargé de surveiller les autres, risque fort de créer un nouvel étage à la corruption, celui qui le nomme risque peu de se voir inquiété par celui dont la promotion lui est redevable, et rien ne garantie l’éthique du nouveau promu acquérant un pouvoir encore plus soumis à la tentation.

Mettre en place un système de surveillance via un contre-pouvoir tel que les journaux, peut paraitre positif, sauf que l’indépendance de la presse n’est pas prouvée, puisqu’elle est soumise aux règles économiques, donc aux influences, et l’arme de la dénonciation peut alors devenir redoutable. Les corrupteurs peuvent être tentés de lancer une campagne précisément pour éliminer ceux qui sont chargés de les surveiller.

Si la dénonciation devient trop publique, elle devient l’argument pour l’aggraver et la généraliser, en devenant une tolérance sociale : « Puisqu’ils le font, pourquoi pas moi ! »

La sanction tombe elle aussi dans ce piège, car qui sera le juge ? Qui le nomme et qui prouvera son intégrité ? Comme le nouveau fonctionnaire décrit plus haut, cela rajoute un étage au fléau sans le corriger.

Pour lutter contre la corruption, il faut donc passer par une autre logique que surveillance, dénonciation, répression. Ce ne sont pas des acteurs qu’il faut mettre en place mais une structure sociale.

Observons des cas limites :

Un homme décide des permis de construire, comment va-t-il réagir s’il a entre les mains le permis de sa fille ? Nul n’oserait lui reprocher un logique petit coup de pouce non ? Donc une première étape serait d’éliminer des procédures tous les cas où un acteur devient juge et parti. Ambition délicate, car la complexité des relations affectives, professionnelles, sociales, est sans limite. Déjà à l’embauche il est tentant de faire favoriser celui qui est dans notre cercle amical, ou notre communauté de pensée !

La chasse à la collusion d’intérêt n’est donc suffisante.

Observons la situation :

Un fonctionnaire prend une décision en fonction de son jugement. Une solution serait de ne jamais laisser seul celui qui décide, car s’ils sont plusieurs, il devra déjà argumenter, et ses confrères peuvent rectifier un choix tendancieux. C’est l’avantage des procédures démocratiques où la collectivité en prenant une décision au plus grand nombre engendre au moins un plus petit nombre de mécontents.

Mais même collectivement, la corruption peut s’exprimer via le sentiment de solidarité entre décideurs, on le voit parfois quand le corps judiciaire défend l’un des siens, même soupçonné de malversations, ou plus spectaculairement quand des députés s’accordent entre eux des rentrées d’argent disproportionnées (quoique dans ce cas il y a aussi collusion d’intérêts, ils sont à la fois juges et partis).

La décision collégiale est mieux mais non suffisante.

Observons qui est coupable ?

La corruption entraine une culpabilité puisque certains s’en retrouvent lésés. Mais qui est le coupable :

Il existe pour moi au moins quatre fautifs : Celui qui fait la loi, celui qui l’a met en œuvre, celui qui est chargé de l’appliquer et celui qui la détourne.

Nous devons nous méfier nous mêmes de notre tendance à accuser l’un des autres acteurs de ce processus pour nous dédouaner de notre propre responsabilité.

Observons quel est le contraire de la corruption ?

Pour moi le contraire de la corruption est l’éthique ou la déontologie. Souvent appelé code ! C’est à dire un ensemble de règles qu’une personne s’impose à elle-même ou qu’un groupe se donne régissant les usages considérés comme moraux, c'est-à-dire bénéfiques à l’ensemble des relations entre eux. Le but de l’éthique est donc un but de bien être collectif.

Individuellement se donner un code d’éthique c’est aussi prendre conscience que nos actes ont des répercutions sur les autres, et que nous devons les réguler pour limiter les impacts négatifs.

L’éthique se fonde aussi sur les notions de justice, qui est une notion construite sur le sentiment collectif qu’une égalité de traitement doit être apportée à tous.

Finalement le rapport aux autres vendu sous forme de corruption pour les uns devient le moteur de l’éthique pour les autres.

Comment modifier le rapport des citoyens entre eux ?

Faire prendre conscience aux hommes que leur bonheur individuel dépend du bonheur collectif, est un acte essentiel, il faut passer par plus d’instruction (je n’aime pas dire « éducation » qui contient trop l’idée de conduire, alors qu’ « instruction » contient l’idée de construire). Facile à dire, plus difficile à faire.

Concrètement dans une entreprise cela se traduit par la conscience que la réussite individuelle dépendra de la réussite de l’entreprise, et que tout manquement, même s’il apporte une gratification ponctuelle, se paye à terme par un affaiblissement de l’entreprise tout entière. Cet argument est valorisé s’il y a une fidélité à long terme au groupe auquel ont appartient. C’est pourquoi les menaces d’instabilité deviennent un catalyseur pour la tentation des corruptions.

Comment fonctionne notre économie ?

Le principe terriblement individualiste et égoïste du capitalisme est à l’antithèse des notions de déontologie, puisqu’il enseigne la réussite individuelle, la concurrence, le profit à court terme. Réussir à vendre plus cher un service, réussir à obtenir des avantages meilleurs que ses concurrents, réussir à savoir utiliser ou détourner les lois en cherchant comment y trouver son compte, tricher avec la fiscalité, sont les règles de tout chef d’entreprise qui réussit et il en est même honorable.

La corruption est fondamentalement le principe fondamental du capitalisme, même la publicité vise à corrompre la décision de l’acheteur. Cette corruption est juste tempérée par des lois qui tentent d’en fixer des limites acceptables, exemple vous avez le droit de faire du lobbying, c'est-à-dire de la corruption officialisée, mais cela n’est pas censé passer par des échanges financiers. Vous y croyez vous ?

Je trouve même très contradictoire que des notions d’éthique soient encore évoquées, j’y vois la preuve que ce système économique n’est pas accepté fondamentalement par les populations qui ressentent quelque part que leur avenir passe par une morale collective beaucoup plus que par des profits individuels.

C’est frappant d’ailleurs que les entreprises cherchent à promouvoir en interne des notions d’éthique pour en externe se permette d’être encore plus pragmatiques, commercialement parlant tous les coups sont permis ! L’éthique n’étant plus qu’une aide décorative au contrôle interne. Exemple !
[ lien "http://www.ibr-ire.be/fra/periodiekeberichten/berichten000105.aspx" ]

Alors comment lutter contre la corruption finalement ?

Facile à dire je sais, mais ces réflexions peuvent peut-être aider à éclaircir la question et diminuer le problème.

Page écrite le 17 juillet 2011

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