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Quelques observations sur nos groupements associatifs.

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Comment fonctionne un groupe ?


Quand j’observe les militants je vois qu’une association groupe ou parti se crée pour défendre une cause noble. Ensuite son organisation partage des rôles et ses actions constatant des réussites ou des échecs, le souci d’efficacité devient prioritaire.

L’éthique commence à être remplacée par le pragmatisme, et cela fonctionne, la qualité de la présentation, la réflexion sur les communications donne un certain poids au groupe. Cette croissance le conforte dans sa méthode, plus le groupe est important, plus la cause initiale trouve des chances d’être entendue.

Le président du groupe gagne en puissance et son ego se réjouit de cette réussite. Certains militants commencent à croire qu’ils œuvrent plus pour leur président que pour leur cause. Par soucis d’efficacité, le groupe a besoin d’argent, il considère donc les actions à but lucratif comme nécessaire, mais pour faire connaitre ces actions l’information coute aussi, alors l’argent acquis commence à servir à acquérir de l’argent. Le travail de la direction prend aussi tant d’énergie qu’il lui faut aussi des fonds de fonctionnement. Et quand un rôle d’un membre du groupe finit par occuper une journée entière, il devient logiquement salarié du groupe.

Le groupe animé par ceux qui y travaillent le plus prend donc pour priorité sa propre survie, sa croissance, et pour cela l’aspect commercial nécessite qu’il plaise au plus grand nombre, voir aux politiques qui peuvent lui accorder des subventions.

La noblesse de la cause initiale n’est plus le but mais le prétexte.

Et quand un groupe réussi, il est tentant pour celui qui se cherche une place dans la société de se rendre indispensable en son sein pour se faire connaitre et si possible en vivre ! Sauf qu’il rencontre d’autres ambitions concurrentes, alors

Dès qu’un groupe atteint une certaine dimension, il a tendance à exploser en deux camps. Pour dépasser cette étape il utilise alors les règlements, une forme de juridiction interne organisant chaque action, et stigmatisant toute dérive.

Le plus habile à jouer avec cette juridiction saura l’utiliser à son profit pour se placer et pourra en plus légitimer sa position grâce à cette juridiction. La politique d’accords, de combines, de relations cachés, de stratégie et de pièges devient le principal travail des militants. La causse initiale n’est plus qu’une image de marque un signe de reconnaissance, dont le contenu et l’étude restera dévolue à des spécialistes plus chargé de trouver la phrase qui sera utile dans un discours que proposer une solution  nouvelle donc forcément en contradiction avec les pratiques actuelles et seraient négative pour l’expansion sociologique du groupe.

Riche de son nombre de son image de marque, de ses grandes gueules médiatiques, expert en pragmatisme et solidifié par ses règlements et ses finances, le groupe peut alors remplir son principal but : assurer sa survie !

Quelle cause initiale ?  Ah oui, c’est vrai j’oubliais, évoquons là de temps en temps,  pour faire bien, il faut bien motiver les militants de base qui assument le bénévolat…

Voilà une triste réalité que nous subissons, mais est-ce une fatalité ? Où est l’erreur, que corriger ? La nature humaine éduquée vers l’individualisme via l’esprit de concurrence, essayons de nous changer ? L’économie qui ne laisse survivre que ceux qui acceptent de jouer le même jeu qu’elle, gardons entre nous l’idée du don de soi ? Le langage qui privilégie la forme sur le fond et préfère la belle envolée lyrique ou ces petites phrases choc, plutôt que des contenus solides et argumentés, apprenons à ne pas nous laisser séduire ? L’image de la réussite qui préfère valoriser l’importance du grand nombre que l’imagination et le travail de quelques uns, une forme négative de la démocratie du chiffre, sachons toujours écouter surtout ceux qui ne pensent pas comme nous ? 

Je pense que l’éthique est la principale notion à défendre, que le pragmatisme n’est qu’une solution à très court terme. Pendant la dernière guerre, les tenant de l’éthique ont résisté, ceux du pragmatisme ont collaboré, ils ont écrit chacun leurs histoires, lesquelles sont les plus belles ?

Page écrite le 05-02-2014

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Intervenant Paganel - le 05-02-2014 à 00-33

"La nature humaine éduquée vers l’individualisme via l’esprit de concurrence"

Tu dois vouloir parler de l'école d'avant 1974 et de l'esprit d'excellence et non de concurrence. N'est-ce pas sous Giscard qu'on a décidé de supprimer la distribution des prix et sous Mitterrand qu'il a même été question de supprier les mentions au bac? Dès lors que tu invite chacun à abandonner la course à l'excellence et à être juste un membre du troupeau, tu obtiens exactement ce que tu as cherché, il n'y a pas de miracle.

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Intervenant Promarc - le 12-02-2014 à 13-22

Trazibule,

Votre constat oblige à prendre un peu de hauteur:

Curieusement, s'impliquer, c'est à dire pénètrer s'immerger, aurait pour conséquence un manque de recul, un défaut de clairvoyance, car bien sûr, vous supposez la bonne foi des acteurs.

Ne croyez vous pas que ce que vous dénoncez s'apparente à ce qu'on appelle l'ENTROPIE (2eme principe de la thermodynamique) qui conduit tout système vers un "ordre" ou "désordre" jusqu'à l'homogénisation (la mort).

Pour équilibrer ce processus, le principe d'hétérogénisation (diversification) permet de lutter contre cette tendance (la vie)

Comment permettre à un groupe de gérer cette dualité, qui semble contradictoire ? Peut-être en incorporant un "tiers" qui regroupe, sans les nier, ces deux termes . Je fais allusion au "tiers inclus" de Lupasco, à la biologie, au quantique, à la logique moderne ...

N'est-ce pas la place de la cybernétique qui fait référence (étymologie) au gouvernail ? Un groupe constitué et vivant est nécessairement dynamique: c'est cette énergie qu'il convient de "canaliser" vers une direction qui ne doit échapper à la vocation du groupe et éviter qu'elle soit récuperée à d'autres fins.

Votre exemple de la résistance  en temps de guerre est pertinent, mais dans ce cas l'antagonisme est clairement défini (l'ennemi) et tellement fort, qu'il reste externe au groupe et ne permet pas de s'intérioriser. Dans une situation plus équilibrée, l'antagonisme est à la fois externe et interne, et c'est notre cas.

Le pragmatisme doit s'appliquer vers ces deux antagonismes (ex-in térieur), qui en fait ne font qu'un, comme les deux faces d'une même pièce.

Vous opposez l'"inné" du groupe (sa nature) avec son "acquis" (sa culture). Pourtant ces deux qualités ne sont justement pas opposable. "l'homme est naturel par culture parce qu'il est culturel par nature" E.Morin

Au plaisir de vous lire, et avec mon modeste soutien.

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